Vieillir
Que faut-il faire lorsque le cœur cesse de vagabonder ?
Que faut-il faire si l’on se retrouve seul dans le noir ?
Questions cent fois posées et cent fois sans réponse.
Il ne s’agit même pas d’ennui,
Il s’agit simplement d’une interminable attente.
Tout ce temps rajouté, tout ce temps superflu
A ne rien penser, à rester cloué, immobile !
Ils aimaient bouger, rire, chanter, écouter, voir, dire…
Ils aimaient exister, être utiles. Les voici aujourd’hui inertes,
Devenus muets, sourds, aveugles, parfois désabusés.
Solitude insondable de la vieillesse.
Bougie vacillante qui s’éteint avec lenteur.
Ils sombrent dans l’obscurité, s’étiolent, perdent le goût du partage,
Du plaisir, celui du désir aussi, de tous les désirs. Le corps apaisé
Hiberne définitivement, laissant place à une sorte d’indifférence.
Et puis il y a ce regard pâle dans le miroir, ce regard
Sans indulgence ni concession, cette observation rationnelle.
Les contours sont devenus flous, les formes alourdies.
C’est là qu’ils ne doivent surtout pas feuilleter,
Juste pour se souvenir, les images de leurs vingt ans.
La fraicheur, la beauté, la jeunesse tout a foutu le camp !
Gommées les joues lisses, évanouies les chevelures exubérantes,
Disparues les formes harmonieuses, la sveltesse, l’élégance.
Tout s’amenuise, le visage, la taille, les gestes.
Les mains tâtonnent, les mots hésitent, deviennent parfois confus.
Le corps n’a pas pu résister à l’érosion, et les douleurs
S’installent ici et là, insidieuses, permanentes.
Vient alors cette phrase clichée, tellement entendue :
«Vieillir, c’est l’unique solution dont les vivants disposent
Pour ne pas déjà mourir ».
Jos