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9 novembre 2018 5 09 /11 /novembre /2018 01:38

 

Un homme aborde une femme

Chose banale penserez-vous, j’imagine que toutes les femmes ont eu  droit à ce genre de chose au minimum une fois dans leur vie. Pour ma part je garde le souvenir d’une amusante rencontre alors que je me rendais en train de Toulouse à Marseille.

Bien calée dans mon très confortable fauteuil de première classe je regardais le paysage défiler tout en lisant un peu distraitement un bouquin offert par une de mes amies à l’occasion de mon dernier anniversaire. Il s’intitulait « Le sexe des hommes dans le monde » d’un certain Jéricho Cazanova dont au demeurant je n’avais jamais entendu parler.

Je n’avais pas de vis-à-vis jusqu’au moment où en gare de Carcassonne un Monsieur vint s’installer face à moi. Il me fit un signe de tête discret, je  fis de même et me plongeai un peu plus attentivement dans ma lecture.

Il y avait peu de monde ce jour là, ce petit voyage était plutôt agréable, pas de bruit hormis le bercement assez lancinant du train, ni de ces allées et venues souvent dérangeantes.

Toutefois je sentais instinctivement le regard de mon voisin posé sur moi. Au bout d’une quinzaine de minutes il se raclât  la gorge et me dit :

-Votre livre a l’air de vous passionner Madame, j’ai oublié de prendre le mien et le déplore, mais pouvez-vous me dire quel en est le sujet ?

J’esquissai un sourire, certaine qu’il avait vu le titre de mon bouquin qui clignotait presque tant il était imprimé en lettres plus que capitales !

-Il traite du sexe masculin, Monsieur.

-Ah bon ! Est-ce qu’il est intéressant ?

-Très.

Lui répondis-je brièvement.

- Ah fort bien ! Pourriez-vous m’en dire un peu plus ?

-Certes ! Par exemple il paraîtrait que les bretons soient les plus actifs du monde tandis que les indiens seraient dotés des plus grands pénis qui soient…

-Et bien le sujet me semble passionnant en effet !

-Mais nous bavardons, nous bavardons et j’en oublie jusqu’à  la moindre des courtoisies, veuillez me pardonner.

- Je me présente : Géronimo le Guennec, pour vous servir…

Jos

 

 

 

 

 

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16 avril 2018 1 16 /04 /avril /2018 01:30

Quand je nichais mes doigts sous les siens miraculeusement plus rien ne me faisait peur, ni le noir, ni le tonnerre ou les éclairs ! Je me savais alors en totale sécurité, absolument sûre et certaine que rien de fâcheux ne pourrait m’arriver. J’aimais cheminer à ses côtés, par tous les temps elle m’entraînait dans de longues balades. Parfois nous allions flâner sur les bords de la Garonne et même grimper jusqu’au sommet du Bout du Puy ! Nous chantions et rions, alors je trouvais la vie merveilleusement belle ! C’était encore une époque normale où les étés ressemblaient vraiment à des étés, où chacune des saisons était bien déterminée. Une époque formidable !

C’était le bon temps, les temps heureux de mon enfance.

J’étais née dix ans après elle, c’était ma grande sœur je l’aimais et l’admirais. Quand venait l’heure du coucher je m’étendais auprès d’elle dans son grand lit profond, posais ma tête sur son épaule toujours accueillante, c’était doux et rassurant. Sans même que je le lui demande elle me fredonnait doucement les chansons que préférais et me racontais aussi des histoires extraordinaires, des histoires de rois, de reines, de fées, de princesses et même de diables effrayants porteurs de longues cornes ! Là je me cachais sous les draps en faisait semblant de trembler ! Nous partions alors dans de grands éclats de rire d’autant plus qu’elle me faisait des chatouilles sous les pieds et j’adorais ça ! Elle écrivait des poèmes rien que pour moi toute seule et quand elle me les lisait j’étais submergée d’émotion, je n’aurais donné ma place pour rien au monde.

Oui, c’était le bon temps et pourtant celui où l’on a hâte de grandir parce qu’on ne sait pas encore combien chaque jour est une merveille, combien chaque jour passé ne reviendra plus jamais et combien on a de la chance d’être petit !

Mais ces dix années de différence ont fini par nous séparer. Un jour elle a rencontré  « L’Homme de sa vie » disait-elle, il est devenu sa priorité, dès lors c’est avec lui qu’elle allait se promener, elle ne chantait que pour lui, il était devenu son essentiel et moi je n’étais plus sa priorité. J’ai eu beaucoup de chagrin mais elle était tellement amoureuse qu’elle ne s’en apercevait même pas et je ne lui montrais pas ma peine de crainte d’altérer son bonheur.

Très vite ils se sont mariés, très vite ils ont décidé de s’expatrier en Afrique.

Elle avait 23 ans et moi 13. Elle n’a jamais cessé de m’écrire, chacune de ses lettres me comblait de joie. De temps à autre elle m’envoyait un poème rempli de jolis mots et d’amour.  

Aujourd’hui bien des années après nous avons toujours la même différence, nos dix ans d’écart ne se sont pas évaporés ! Je suis toujours sa petite sœur seulement maintenant elle est plus fragile que moi, bien plus vulnérable, c’est un peu comme si le temps s’était inversé. Notre mère avant de tirer définitivement sa révérence m’a recommandé de bien veiller sur elle, ce que je fais de mon mieux.

Mais il me suffit de fermer les yeux pour revoir à travers mes larmes s’agiter la longue et belle main de ma sœur tandis que le train s’éloignait de la gare l’emportant elle et son mari bien loin de nous, beaucoup trop loin de moi…

Longtemps j’ai couru derrière ce vilain train gris et bruyant, sous une pluie glaciale, jusqu’à ne plus voir qu’un vide absolu et n’entendre plus que le silence hormis les battements douloureux de mon cœur.

 

 

     

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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 01:09

Monsieur le Président,

 

C’est avec la certitude de perdre mon temps, et ma littérature, que je vous écris cette lettre. Car, Monsieur le Président, je sais parfaitement que vous ne la lirez pas, je sais qu’elle n’atterrira jamais sur votre royal bureau, qu’elle ne sera lue par personne et finira au mieux dans l’une de vos corbeilles à papier jupitériennes,  au pire dans les chiottes royales de votre palais. Donc non, je ne l’écrirai pas cette lettre parce que de toute façon vous vous foutriez complètement de son contenu.

Mais voilà ça me fait du bien, ça me soulage d’écrire noir sur blanc que votre belle gueule ne me revient plus, j’avoue qu’à un moment j’ai pensé que vous pourriez améliorer le quotidien des misérables français que nous sommes, oui je l’avoue j’ai cru un instant en vous. Votre regard paraissait pur, vos paroles et vos promesses étaient celles que j’espérais. Bref j’ai voté pour vous, il faut dire que nous n’avions pas trop le choix après le lamentable fiasco et le spectacle désolant qui nous ont été offerts durant la campagne et surtout après les catastrophiques résultats du premier tour ! De deux maux on choisi le moindre par principe.

Donc vous voilà installé pour cinq longues années dans les demeures somptueuses de la République, nourri, logé, habillé, blanchi, tous frais payés, je passe sur les voyages, les réceptions démentielles, bref bénéficiant avec Madame votre épouse, charmante au demeurant et beaucoup plus sympathique que vous, du meilleur de Nôtre France, de sa grandeur qui s’amenuise de jour en jour et peine à se relever. Les pauvres le deviennent davantage, les riches s’en mettent plein les poches, les SDF continuent à coucher sous les ponts, à crever de faim, de froid et à être traités comme des moins que rien ! Les vieux vieillissent un peu plus vite car ils réalisent que les années à venir ne vont pas être de la tarte ! Les jeunes n’ont d’autre espoir que le chômage où que de revenir vivre chez papa et maman !

Oh je sais que Paris ne s’est pas fait en un jour ! Je sais que votre prédécesseur vous a refilé le bébé avec l’eau pas très claire du bain, chaque nouveau gouvernement tient le même raisonnement ce qui fait qu’on avance de pire en pire… mais enfin il va falloir arrêter d’accabler les autres, il va vous falloir quand même arriver à prendre de vraies responsabilités, à vous retrousser les manches quitte à tremper vos belles mains dans le cambouis ! Merde quoi après tout quand on est Président on ne manque pas de pouvoir ! Prenez le fric où il se trouve, ne le soutirez pas dans des bourses trop plates qui n’ont plus rien à donner, distribuez le de manière juste et équitable ! Arrêtez de vous prendre pour le Dieu que vous n’êtes pas et ne nous faites plus chier avec vos sourires charmants qui se veulent charmeurs, ça ne marche plus !

Au boulot Monsieur le Président, il faut que chez nous que tout le monde mange à sa faim et puisse vivre décemment !

Ouf ça fait du bien de se lâcher !!! Du coup je vais boire un pot à ma santé et à celle mes amies qui peut-être pensent pas forcément comme moi mais restent toujours mes amies, on vit dans une France où la parole et la pensée sont encore libres, c’est la moindre des choses même si ça ne paye pas à tous les coups et hélas bien des Pays  n’ont pas cette chance ! Faut bien terminer sur quelque chose de positif tout de même !

Voilà j'ai dit ce que je voulais dire et ma lettre finira minablement dans ma poubelle qui n’a certes rien de royal mais je m’en fous ! Je me sens mieux.

Alors ciao, Monsieur le Président, que le cul vous pèle et que vos bras raccourcissent pour que vous ne puissiez pas le gratter !

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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 01:06

Ma grand-mère disait, sans doute à juste titre, que j’étais vaniteuse et orgueilleuse. C’était à la suite de mes refus systématiques à l’accompagner chez ses patrons les jours où je n’allais pas à l’école.

Elle y travaillait en qualité de cuisinière, elle n’était ni domestique, ni femme de ménage, non ! Juste cuisinière et de cet emploi elle tirait une grande fierté. Pas moi.

Les jours où elle réussissait à me traîner de gré ou de force chez les « Clarou » j’y vivais des heures éprouvantes. J’avais honte de la voir se démener devant les fourneaux pour nourrir cette bande de plus ou moins aristos que je ne pouvais pas blairer. Il y avait Monsieur le Docteur, Madame et leurs quatre garçons plus débectants les uns que les autres !

Celui qui me rendait dingue était le plus jeune fils, il avait 6 ans soit deux de moins que moi et l’appelait « Marie » lui donnant des ordres tandis qu’elle obtempérait en lui disant « oui Monsieur Philippe »

Je t’en foutrai des « Monsieur Philippe » ! Je fulminais mais fermais ma gueule car elle avait la main leste et lourde !

C’est ainsi qu’un jour je décidais de la venger, elle lui préparait à bouffer. J’échafaudais un plan imparable !

 

Le Vigan est un joli village de montagnes douces et rondes

Au cœur des Cévennes, un village mignon comme tout mais bien pauvre où la seule industrie de l’époque était une grande fabrique de bas de soie où travaillaient pratiquement tous les viganais et ceux des hameaux alentours. Les cousines de ma grand mère y exerçaient leur talent de remailleuses.

« Il s’agit d’une temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître »

J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’y revenir depuis car mon jeune père « mort pour la Patrie » à 26 ans, après son père idem à 27 durant la première guerre mondiale ! Ce qui fait quand même un peu beaucoup ! C’est là qu’ils sont inhumés au cimetière avec tous les honneurs de la République, leurs noms sont même gravés dans le marbre du monument aux morts ! Et ça leur fait une belle jambe ! Mais bon par principe je leur apporte de temps à autre un chrysanthème.

Donc par les temps qui courent au Vigan un peu comme partout dans les campagnes il n’y a plus de boulot ni pour les aînés, ni pour les jeunes, par conséquent exit les usines et les bas de soie !

Mais là je m’égare, revenons à mon propos.

Dès le printemps se produisait la transhumance, tous les bergers alentours conduisaient leurs troupeaux de brebis, moutons, et chèvres vers les montagnes. Ils étaient obligés de traverser notre village à grand bruit de sonnailles ce qui était une véritable attraction, nous sortions devant nos portes pour les regarder et les saluer dans une joyeuse ambiance  en leur souhaitant le meilleur qui soit durant tout l’été.

Seul petit problème après leur passage les rues n’étaient plus qu’une constellation de déjections dont paradoxalement  je ne trouvais pas l’odeur si déplaisante que ça ! Comparé à celle des humains c’était du Lancôme ou du Guerlain !

C’est justement un de ces jours là que me vint l’idée sans doute la plus géniale de toute ma vie !

En catimini je recueillis une jolie petite provision de pétoulets (c’est le nom donné aux crottes des moutons ou même des lapins)  et les mis à sécher bien à l’abri des regards dans un coin de la terrasse.

Chaque jour j’en vérifiais l’état de maturation, elles devaient être sèches mais pas trop.

Ma grand-mère consommait des pastilles Valda et en conservait les boites vides. Le jour J armée d’une de ces boites justement je grimpai dare-dare sur la terrasse avec le paquet de sucre glace vanillé. L’opération fut simple, rapide et jouissive.

Mes pétoulets saupoudrés auraient ouvert l’appétit du plus réservé des gourmands !

Ce jour là c’est le cœur en joie que je suivis mon aïeule jusqu’à son boulot et attendis « Monsieur Philipe » de pied ferme.

Le jeune merdeux arriva avec son air con et sa vue basse pour donner quelques ordres à « Marie «  c’est alors qu’avec l’air le plus angélique qui soit je dégainai ma boite de Valda !

Ses yeux se mirent en roulement libre ! Je buvais du petit lait ! 

Il enfourna une demi douzaine de pétoulets et commença à les mâchouiller consciencieusement jusqu’au moment où il poussa un cri d’horreur et de dégoût tout en dégueulant cette infâme bouillie et déguerpit à fond du salon pour se plaindre à sa chère maman !

La suite se continua dans la cuisine chez ma grand-mère mais la raclée que je reçue ne m’a même pas endolorie tant j’étais auréolée de grâce, de sérénité et de bonheur !

Je ne suis plus jamais allée chez les Clarou, je n’ai plus jamais revu « Monsieur Philippe » je venais tout simplement de gagner mon premier combat pour la dignité humaine, celle des classes pauvres et laborieuses.

J’étais devenue Socialiste pure et dure digne des plus grands comme Jean Jaurès par exemple !

 

Jos    

 

 

 

      

 

 

 

  

 

 

 

 

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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 00:51

Rien n'obscurcira la beauté de ce monde.

Les pleurs peuvent inonder toute la vision.

La souffrance Peut enfoncer ses griffes dans ma gorge.

Le regret, L'amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre,

La lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit,

Rien n'obscurcira la beauté de ce monde.

 

Nulle défaite ne m'a été épargnée.

J'ai connu le goût amer de la séparation.

Et l'oubli de l'ami et les veilles auprès du mourant.

Et le retour vide du cimetière.

Et le regard terrible de l'épouse abandonnée.

Et l'âme enténébrée de l'étranger,

Mais rien n'obscurcira la beauté de ce monde.

 

Ah ! On voulait me mettre à l'épreuve, détourner

Mes yeux d'ici-bas. On se demandait: « Résistera-t-il? »

Ce qui m'était cher m'était arraché. Et des voiles

Sombres recouvraient les jardins à mon approche

La femme aimée tournait de loin sa face aveugle

Mais rien n'obscurcira la beauté de ce monde.

 

Je savais qu'en dessous il y avait des contours tendres,

La charrue dans le champ comme un soleil levant,

Félicité, rivière glacée, qui au printemps

S'éveille et les voix chantent dans le marbre

En haut des promontoires flotte le pavillon du vent

Rien n'obscurcira la beauté de ce monde.

 

Allons! Il faut tenir bon. Car on veut nous tromper,

Si l'on se donne au désarroi on est perdu.

Chaque tristesse est là pour couvrir un miracle.

Un rideau que l'on baisse sur le jour éclatant,

Rappelle-toi les douces rencontres, les serments,

Car rien n'obscurcira la beauté de ce monde.

 

Rien n'obscurcira la beauté de ce monde,

Il faut jeter bas le masque de la douleur,

Et annoncer le temps de l'homme, la bonté,

Et les contrées du rire et de la quiétude.

Joyeux, nous marcherons vers la dernière épreuve

Le front dans la clarté, libation de l'espoir,

Rien n'obscurcira la beauté de ce monde.

 

Ilarie Voronca

 

 

 

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 00:48

Lorsque j’étais en vacances chez ma mamie Nanette  et  durant les jours de pluie le grenier de mon arrière grand-mère Augusta était mon lieu de prédilection. Elle habitait une vaste ferme à deux étages entourée de terres agricoles. Il n’y avait d’autre horizon que d’immenses champs à perte de vue. Peu après le décès  de son époux  elle avait cédé l’exploitation de la propriété au fermier le plus proche, opération qui lui avait permis de vivre centenaire sans aucun souci pratique ou financier.  

Je n’ai jamais connu cette arrière grand-mère mais si j’en crois maman elle était rigide et avare se regrettant la moindre fantaisie. Pourtant je dénichais toujours dans son grenier les choses les plus extraordinaires qui soient ! J’aimais les découvertes et savais m’émerveiller de tout et de rien. J’avais l’imagination féconde  me racontant volontiers des histoires à dormir debout ! Comme personne je pouvais m’évader dans un ailleurs tissé de rêves fantasques et éblouissants.

Je farfouillais dans les malles, les cartons, les armoires,  rien ne m’échappait et d’été en été  je mettais la main sur ce qui me semblait être  un véritable trésor ! A partir de là je me racontais l’aventure du moment, celle qui m’arrangeait et me venait spontanément à l’esprit. Quand j’en parlais à mamie Nanette elle se contentait de secouer la tête en souriant tout en levant les yeux au ciel.

Un jour dans la plus grande des malles explorée pourtant mille fois je découvris sous  la doublure  une grande enveloppe jaunâtre et cachetée. C’est sans le moindre état d’âme que je l’ouvris. Elle contenait quelques trentaines de  lettres signées « Ta Berthe » plus la photo d’une assez belle femme épanouie, plutôt rondelette, une tasse avec sa soucoupe entre les mains, la tête à demi renversée et riant presque à gorge déployée. Elle n’était certes pas de première jeunesse mais encore très avenante avec un visage lisse et heureux. Elle avait un rire communicatif.  Devant cette photo jaunie par le temps je me pris à sourire et sentis que j’avais mis la main sur un filon !

J’entrepris la lecture de la première lettre. Elle était adressée à  Gustave, mon arrière grand père, son contenu me laissa pantoise !

Mon tendre Amour, écrivait t’elle, demain Léon ira au marché de St André, je t’attendrai dans la grange à l’heure habituelle.

J’ai hâte d’être dans tes bras, de sentir tes baisers, tes chatouillis délicieux sur tout mon corps, j’en frémis d’avance Surtout sois prudent, Je me méfie d’Augusta.

Je t’adore !

 « Ton Ange »

De lettre en lettre je découvris cette histoire fantastique. Il y avait des détails croustillants que la pudeur m’oblige à taire ici, mais quand même j’étais sur les fesses pour éviter d’être grossièrement plus précise !

Ainsi ces personnes de l’ancien temps maintenant disparues avaient elles aussi des histoires extra conjugales, des histoires de cœur et bien plus encore ! S’écrivaient des mots d’amour et des coquineries ! Je n’en revenais pas !

Je gardais ce lourd secret  pour moi n’ayant envie de le partager avec personne, même pas avec ma mère à qui pourtant je ne cachais rien.

Je me sentais investie d’une grave affaire familiale que je trouvais à la fois

édifiante et romantique. J’avais de quoi rêvasser pour un bon bout de temps et croyez bien que je ne m’en privais pas !

Je me suis même prise d’affection pour cette fameuse Berthe à la croupe dodue qui avait sans aucun doute pris pas mal de bon temps avec mon polisson d’arrière grand père !

Paix à leur âme et zut pour Augusta !!!  

 

 

 

 

 

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18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 01:52

Mes lacs se sont taris, asséchées mes rivières. Tant de cristal brisé, tant de sournois chagrins ont raviné mon âme. Il en  subsiste peu hormis  ces vagues souvenirs qui chaque jour ondulent, s'estompent puis se noient.

 

Je respire au présent, le passé s'est éteint, exit les journées bleues et les rêves insensés mais aussi la souffrance, c'est bien là l'essentiel.

 

Nouvelle respiration, nouveau jour. Je ne regrette rien, l'amour m'a tout donné puis il a tout repris.

 

C'est ainsi.

 

J'ai conservé en moi, tout au fond de mon être, mes heures fantastiques.

 

Voici une page tournée, le temps est venu de changer d'horizon, un horizon plus vaste où les oiseaux se fondent pour disparaître au loin jusqu'à la ligne extrême, quand les mots restent vains, quand le silence est roi et le soleil plus doux.

 

 

 

 

Peut-être mentais-tu quand tu disais "je t'aime" cent fois tu me l'as dit et cent fois je l'ai cru. Le jeu recommençait et je fermais les yeux pour plonger dans ta nuit, dans cette obscurité d'où brillait la lumière. C'était une folie, un leurre étourdissant qui me laissait exsangue, paralysée de liens que tu savais tisser.

 

Jour après jour le temps m'a enveloppée de sa féroce étreinte. Je pleure quand tu ris et tu ris de mon mal. Aujourd'hui dans ton ailleurs impalpable me vois-tu? Et sais-tu encore qui je suis? Parmi tes profondeurs, confondu dans tes sables immobiles sais-tu que je suis là lorsque je viens à toi? J'entends les clapotis, sont-ce des mots que tu murmures? Ou une petite musique que je ne connais pas, qui n'a de sens que le silence et rien de plus ni de mieux.

Le silence c'est tout!

 

 

 

 

Des milliers de pas pour avancer vers ce qu'elle croyait être une résurrection. Chimères! Jamais le temps ne revient en arrière, il avance imperturbablement, insensible aux incantations.

 

Un jour elle s'approchera de son miroir et, surprise, ne se reconnaîtra plus. Le reflet sera flou, si incertain qu'elle fermera les yeux pour tenter inutilement de se reprendre, de se deviner.

 

Elle aura occulté ses heures enthousiastes quand elle chantait, riait de tout, de rien et pourtant c'était bien les plus exaltantes. Sans doute ne le savait-elle pas alors.

 

Pourquoi le présent se conjugue t'il au passé?

 

Tôt ou tard Il finira bien par arriver ce jour de défaite, lorsque le corps sournoisement et implacablement se délite; ce jour où l'esprit n'est plus en harmonie avec la pensée et aussi le geste.

 

Le fil s'est rompu, il n'y a plus de rambardes, rien pour se raccrocher. Aimantée par le vide elle se laissera emporter ici ou là, n'importe où, n'importe comment. Vertige, folie, désespoir. Prison et délivrance paradoxe immuable, fin du rêve, début d'un cycle totalement inconnu et irrémédiable.

 

 

 

 

Je donne un grand coup de pied au fond du gouffre afin de remonter à la surface, à l'air libre, vite il faut fuir l'étouffement, l'angoisse qui m'atteint chaque fois que je sombre dans mes profondeurs.

 

Pas plus tard qu'hier j'ai cru me noyer, c'était affreusement violent, inattendu absolument imprévisible. Elle m'a tenu la tête dans l'eau pendant quelques instants, j'ai manqué d'air, jusqu'à suffoquer, c'est seulement quand elle a compris que je me noyais qu'elle a relâché sa pression. Alors elle a parlé, alors j'ai écouté et j'en ai pris plein la gueule. Incrédule d'abord, intéressée ensuite, j'ai suivi son raisonnement jusqu'au bout. Quand enfin elle en en eu terminé j'étais en larmes, sidérée mais en larmes.

 

Elle est allé chercher le point X celui qu'on ne trouve que très rarement tout seul, qu'on ne cherche même pas tant il est mystérieux et inexplicable.

 

C'est  là que j'ai compris toutes ses choses insoupçonnées, enfouies en moi depuis des décennies !

 

Oui on m'a coupé la voix, les ailes, et oui on a décidé de ma vie entière sans me demander mon avis. J'ai baissé les yeux, la garde, mon dos s'est ployé, je suis tombée sous le joug à vie.

 

Je me croyais plus forte, plus maligne, plus intelligente, plus belle  que tout le reste du monde et c'était peut être vrai, après tout pourquoi pas?

 

Mais non, je n'étais qu'une poupée désarticulée. Et combien vulnérable!

 

J'ai fermé ma gueule une fois, deux fois cent fois pour finir par avoir le droit de l'ouvrir sur commande, quand ils voulaient bien me donner la parole. Et même dans ce cas je n’étais que silence car ils avaient tout dit pour moi et m'avaient volé tous mes mots.

 

Une vie, une vie entière à ne pas penser de ses propres pensées, à dire oui et amen à tout, à ne plus avoir d'opinion, de souhait, de désir!

 

Et tout ça sans même m’en apercevoir!

 

Mais comment et surtout pourquoi est-ce possible? Comment peut-on se laisser dépouiller de son être de telle sorte? Par faiblesse, Par inconscience, par manque de personnalité, par connerie, par amour?

On m'a dit que j'étais minable et je l'ai cru. Finalement c'est aussi simple que ça!

 

Ne plus chanter, plus rire, plus écrire, fermer simplement les yeux jusqu'à ne plus avoir envie de vivre et même être incapable de réussir sa sortie!

 

Ceux là même qui étaient mes geôliers sont définitivement rayés de la carte et je suis toujours là avec derrière moi des millions d'heures perdues, irrécupérables!

 

Le pire étant que je n'en ai même plus d'envie!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 00:45

                              Vieillir

 

Que faut-il faire lorsque le cœur cesse de vagabonder ?

Que faut-il faire si l’on se retrouve seul dans le noir ?

Questions cent fois posées et cent fois sans réponse.

 

Il ne s’agit même pas d’ennui,

Il s’agit simplement d’une interminable attente.

Tout ce temps rajouté, tout ce temps superflu

A ne rien penser, à rester cloué, immobile !

 

Ils aimaient bouger, rire, chanter, écouter, voir, dire…

Ils aimaient exister, être utiles. Les voici aujourd’hui inertes,

Devenus muets, sourds, aveugles, parfois désabusés.

Solitude insondable de la vieillesse. 

Bougie vacillante qui s’éteint avec lenteur.

Ils sombrent dans l’obscurité, s’étiolent, perdent le goût du partage,

Du plaisir, celui du désir aussi, de tous les désirs. Le corps apaisé

Hiberne définitivement, laissant place à une sorte d’indifférence.

Et puis il y a ce regard pâle dans le miroir, ce regard

Sans indulgence ni concession, cette observation rationnelle.

Les contours sont devenus flous, les formes alourdies.

C’est là qu’ils ne doivent surtout pas feuilleter,

Juste pour se souvenir, les images de leurs vingt ans.

La fraicheur, la beauté, la jeunesse tout a foutu le camp !

Gommées les joues lisses, évanouies les chevelures exubérantes,

Disparues les formes harmonieuses, la sveltesse, l’élégance.

Tout s’amenuise, le visage, la taille, les gestes.

Les mains tâtonnent, les mots hésitent, deviennent parfois confus.

Le corps  n’a pas pu résister à l’érosion, et les douleurs

S’installent ici et là, insidieuses, permanentes.

               

    Vient alors cette phrase clichée, tellement entendue :

 

«Vieillir, c’est l’unique solution dont les vivants disposent

                      Pour ne pas déjà mourir ».

                      

 

Jos 

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3 juin 2017 6 03 /06 /juin /2017 01:18

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Si je suis c'est parce que j'aime

                  Qui ?

Vous, toi, moi, la vie

Aussi les petits trucs de rien du tout

Et les bidules, les guillemets et les virgules

Les points sans les i

 

Si j'aime c'est parce que je suis

Les papillons et les fourmis, parfois

Je suis le souffle de la nuit

Et la respiration du jour qui luit

               Sans lune

 

Ainsi je suis ce qui s'échappe

Et ce qui reste et ce qui meurt

Et parfois la fleur ou l'écharde

Et parfois rien, juste le bruit de la fanfare au loin

 

Si j'aime, et j'aime,

C'est parce que toi, nous, lui

Nous nous berçons de l'illusion

Que demain durera toujours

Et que toujours porte un prénom

Que je vois gravé sur ton front

Multicolore et frémissant.

 

Et j'aime dans la nuit câline

Entendre chanter les grillons

Ils me rappellent pourquoi je suis

          Pour qui.

 

 Domi

 

 

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4 mai 2017 4 04 /05 /mai /2017 11:57

Comme deux papillons gracieux et légers

Dont l’ombre sur le mur caresse le berceau

Ainsi font, font, font, jolies marionnettes !

Premiers gestes d’amour, regards émerveillés.

Et puis l’enfant grandi pour devenir un homme,

Une main qui s’en va, une autre qui retient,

Un au revoir furtif, cette larme qui glisse

Et que l’on cache un peu pour ne pas attrister.

Puis la vie continue sans surprise parfois,

Mais parfois en chagrins ou bonheurs partagés,

La douceur d’une épaule, l’odeur du pain grillé

Servi chaque matin. « Couvre-toi bien mon cœur,

Surtout ne prends pas froid et si tu as besoin

Surtout appelle-moi ! » Et enfin vient le jour

Quand deux mains se rencontrent et s’unissent alors

Pour une éternité qui ne dure qu’un temps

L’espace d’un printemps, l’espace d’un été

Ou bien toute une vie avec un peu de chance.

Les cartes sont jetées, le joker envolé

Et cette main caresse en violence est chargée.

Pas toujours Dieu merci ! Le rêve s’évapore,

Le corps endolori , le cœur désabusé,

Vous tendez votre main mais elle est repoussée.

A cheminer tout seul dans le noir on se perd.

Il y a des cailloux, la route est sinueuse.

Mais au bout les enfants prêts à vous consoler

Vous prennent dans leurs bras pour toujours vous ga rder !

Que de mots dans nos mains, de sensations aussi !

Il faut les regarder, les laisser s’adoucir,

Les laisser se faner. Elles ont bien vécu.

Un jour quoiqu’il arrive elle se fermeront

Sur les meilleurs moments, les plus beaux souvenirs.

Dans la paume creusée mille baisers enfuis,

Et sur les doigts palis mille baisers donnés…

 

Jos

 

 

 

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