Je suis un grand oiseau sauvage
Aux plumes vertes et dorées,
Je me cache au loin des rivages
Où nul ne peux me débusquer !
Mais lorsque par-dessus la plaine,
Je survole les champs minés,
Je vois des horreurs par centaines,
Qu’on peut à peine imaginer !
Le ciel sur moi dans sa bonté
Pose tendrement ses caresses,
Le vent longtemps me fait planer
Mais n’apaise en rien ma tristesse.
Tapis, des prédateurs me guettent
A seule fin de m’empailler !
De même les tireurs apprêtent
Leurs canons pour me mitrailler !
Aucun jamais ne m’atteindra
Car je vais au-delà du monde,
Sur des sommets très hauts, là bas,
Abrité du feu et des frondes.
Vains humains ! Je suis imprenable !
Bien qu’ayant cent fois essayé,
Malgré vos armes redoutables,
De me priver de Liberté !
Ni pris, ni repris, ni blessé,
Je poursuis ma quête en silence.
Dans mes espaces indomptés
Mon horizon s’étend, immense !
Allez, ne soyez plus si fous !
Il vous faut enfin m’écouter :
« Vous ne cessez d’être des loups,
Et votre rage est insensée… »
Je suis la paix, la renaissance,
L’oiseau des mille et une nuits,
Celui qui jamais ne s’élance
Vers les carnages et dans le bruit.
Lorsque les peuples se déchirent,
S’entretuent pour un bout de sol,
Je jure qu’il n’y a pas pire,
Qu’il faut enfin mettre un bémol !
Hélas, depuis la nuit des temps,
Pour un rien, pour une prière,
Un mot joué à contretemps,
On repart toujours à la guerre !
Ainsi donc tournent les aiguilles ;
Vos minutes sont décomptées,
Elles glissent, telle l’anguille,
On ne peut les emprisonner.
Alors, si vous voulez m’en croire,
Levez vos regards vers les cieux
Et martelez dans vos mémoires
Qu’il faut œuvrer pour être heureux !
Main dans la main marchez ensemble !
Hommes de toutes les couleurs,
Vieillards, enfants, tout vous rassemble !
N’avez-vous pas un même cœur ?
Jos