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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 22:45

Demain dès l’aube…

 

Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.

J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

 

Victor Hugo 1802-1885

 

 

A la manière de…

Invitation à l’amour

 

Ce soir, lorsque le ciel déploiera ses étoiles,

Je reviendrai. Je danserai pour toi, joyeuse.

Le visage sans fard, vêtue de légers voiles,

Et je te sourirai tendrement amoureuse.

Nous resterons ainsi, les yeux à demi clos.

Tes mains effleureront mes lèvres, mes paupières.

Elles dénuderont mes bras, mes seins, mon dos.

J’épellerai ton nom. Belle et douce prière.

Je ne dénouerai pas les fils du temps qui passe,

Mais tresserai des mots en gerbe de velours.

Chanterai mon credo, sans que tu ne te lasses.

M’envolerai plus haut dès la nuit, jusqu’au jour.

 

Jos

 

 

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 22:28

El Desdichado

(Le Déshérité)

 

Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :

Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé

Porte le soleil noir de la mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’a consolé,

Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,

Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?

Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;

J’ai rêvé dans la grotte où nage la sirène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :

Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée

Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Gérard de Nerval

 

 

El Desesperado

(Le Désespéré)

 

Je suis le prédateur, le fou, l’incontrôlé,

Le vengeur déchaîné à la tête remplie

De funestes pensées, et mes poings refermés

Cherchent la triste proie qui a brulé ma vie.

Dans le soir bienvenu je ne fais que rôder,

Errant pour retrouver l’objet de ma folie :

Cette femme perdue, cette épave égarée,

À la lèvre incarnate, à la toison blanchie.

Suis-je encore un humain ? Un monstre, un démon ?

Mon cœur n’est que lambeaux et mon âme en peine.

J’ai eu trop de douleur, j’ai muri tant de haine…

Et j’ai à tout instant craché cent fois son nom :

Vomissant chaque mot à l’oreille nacrée

De l’ombre que j’aimais et qui s’en est allée.

Jos

(A la manière de Gérard de Nerval)

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 17:37

Un beau jour sur les bords de Seine,

Georges rencontra la Fontaine.

Lui, gratouillait sur sa guitare

En fredonnant des trucs bizarres.

Il était question de gorille,

D’un juge qui partait en vrille,

Il y traitait aussi d’oignons,

De la Gaillarde et de chignons.

Jean, posément, versifiait ;

S’agissant d’un pauvre berger,

D’agneau et je crois bien de loup.

Le genre de truc un peu fou

Qui donne voix aux animaux

Sans jamais le moindre gros mot !

Les deux, quoique fort différents,

Se reconnurent sur le champ.

Chacun rimait à sa façon

Sans souci du qu’en dira t’on !

Ils avaient les mêmes idées

Et décidèrent d’échanger

Sur les hommes, leur politique…

Je vous épargne les critiques !

Comme larrons ils s’entendirent,

Tous les curieux s’en esbaudirent.

Jean et Brassens se bidonnaient !

Ravis de s’être rencontrés,

Ils gribouillèrent, se marrant.

D’avec leurs mots désopilants

Naquit une petite histoire

Que je vous livre de mémoire…

 

« Dans l’eau de la claire fontaine

Elle se baignait toute nue

L’onde était transparente

Ainsi qu’aux plus beaux jours

Une saute de vent soudaine

Jeta ses habits dans les nues

Un loup survint à jeun

Qui cherchait aventure

Que la faim en ces lieux attirait

Comme elle avait le feu aux fesses

Etant en manque de caresse

Elle lui tendit ses bras ses lèvres

Il la prit avec tant de fièvre

Qu’elle en fut toute chamboulée

Et le loup bien rassasié

Sans autre forme de procès. »

 

Moralité

 

Courez à l’eau jolie fillette

Allez-vous baigner toute nue

Il y a des gentils loups qui guettent

Pour taquiner votre vertu.

 

 

Jos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 00:37

Les mots quêtent sont douillettes

Les mots laids rondelets

Les mots code se décodent

Les mots roses si l’on ose

Les mots dits sans paradis

Les mots tus c’est foutu

Les mots Viêt sont trop bêtes

Les mots de l’âge à la page

Les mots d’elle des donzelles

Les mots d’Este sans la veste

Les mots fête tournent la tête

Les mots lards sur les trottoirs

Les mots niquent en pique-nique

Les mots ruent dans la rue

Les mots cas au chocolat

Les mots l’eau ramollos

Les mots mis loin d’ici

Les mots nés ont dérapé

Les mots râlent se cavalent

Les mots zèle se les gèlent

Les mots tard des vantards

Les mots tôt ont du pot

Les mots maux mal au dos

Les mots tels rien de tel

Les « mot-valise » on balise

Les mots Sade roucoulade

Les mots rois c’est la joie

Des mots pour dire,

Pour ne rien dire

Et pour rire !

 

Jos

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 14:19

 Je suis le soleil d'or

Le soleil de minuit

Dans la journée je dors

Et je rôde la nuit

Ne me cherchez jamais

Dans des rais de lumières

Je suis le noir épais

Pour toujours la dernière

Je ne veux plus sourire

Je ne sais plus chanter

Je ne sais que détruire

Je ne peux pas aimer

Un ogre m'enveloppe

De ses ongles crochus

Les pensées interlopes

De mon âme perdue

Font de moi cette femme

Que chacun trouve infâme

Mais qui était charmante

Lorsque venait l'été

Quand la rose odorante

Encor la parfumait

Ne me condamnez pas

Entendez ma supplique

Ne m'abandonnez pas

Donnez-moi la réplique

Ouvrez-moi la prison

Où mon cœur las soupire

Où je perds la raison

Où lentement j'expire...

 

Jos

 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 12:47

C’était un parapluie d’usage, un bon vieux parapluie, ni beau, ni laid, pas plus grand que petit. Très ordinaire en somme.

Il avait été abandonné là, distraitement sans doute et nul ne s’était jamais donné la peine de venir le récupérer.

Gris et de grise mine, il restait immobile, inactif, inutile, perdu enfin…

Les jours, les nuits, le temps passaient terriblement monotones, sans excentricité ni fantaisie. Il s’ennuyait énormément, mais conservait tout de même une dignité exemplaire.

Cependant un soir d’orage, une jeune et alerte personne, jambe svelte, nerveuse, l’aperçut et… l’emporta !

Les voilà tous deux partis en goguette, l’une dessous, l’autre dessus.

Délicieuse, la pluie tombait, chantait, ruisselait, cascadait même sur le vieux tissu tendu et, miracle ! Voici qu’il devenait luisant et lumineux. Bref, notre pépin rajeunissait à vue d’œil !

La balade s’éternisait. La belle trottinant d’un bon pas, bien à l’abri, laissait danser ses boucles brunes.

- Ce vieux parapluie oublié,

Pensait-elle,

- Un vrai bonheur !

Lui se disait,

- Pourvu qu’il pleuve longtemps, toujours. Pour être heureux un parapluie doit être mouillé.

Il était satisfait d’être ce qu’il était et se gonflait d’orgueil comme spi au vent !

Brutalement bourrasque ! Surprises les jolies mains lâchent le bec de cane. Voici donc que notre parapluie, d’un seul coup, d’un seul, prend de la hauteur, encore un peu, un peu plus encore.

Mais… il vole !

Bien fini le coin de l’oubli. Lointaine la grisaille ! Il vole, s’élève, se balance gracieux, léger, aérien même !

Il se laisse enlever loin de la ville, de la campagne…

Il vole.

En bas, au ras du sol, des nez pointent vers les cieux.

- Mais quelle est cette chose étrange, si bizarre ? Un champignon géant, un astre, un ovni, un extra-terrestre ?

Il rit beaucoup, de toutes ses baleines !

Sous lui maintenant la mer bleu turquoise ondule, immense, mouvante et magnifique !

Dernier coup de vent, le voici sur le dos, bec en l’air, un rien bête et penaud .Sa descente s’amorce, lente, régulière, inexorable. Il perd de l’altitude, doucement, doucement…

Pour se poser enfin et voguer, léger, tel un « bateau sur l’eau » comme dans la chanson.

Il poursuit son voyage, au-dessus les étoiles, au-dessous les poissons.

Il a un peu la nausée, tellement de remous, tant d’émotions, mais vraiment ne vit-il pas là une extraordinaire aventure ? Quelle histoire !

Ainsi donc voici un pauvre parapluie perdu, plutôt minable transformé en embarcation !

Il se met alors à rêver de lointains pays, plus ou moins exotiques où il serait parasol par exemple.

Il rêve tant et si bien qu’il perd le Nord, s’affole, tourbillonne et, mon Dieu…il va couler !

Il coule.

Le parapluie se referme délicatement, avec beaucoup de classe et d’élégance.

Il ne sera plus jamais sec, ni terne.

Un peu fatigué par toutes ces péripéties, il descend lentement, l’eau est douce, bienfaisante, elle entre en lui.

Elle est « Lui ».

Piqué au cœur des algues et des coraux, telle une grande fleur mobile, évanescente, il restera ainsi longtemps, toujours, jusqu’à la fin du monde peut-être…

Jos

 

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 13:02

Par les roses d’été embaumant les jardins,

Tandis que les oiseaux s’égosillent en refrains

Et par le gai ruisseau qui longe la vallée

Son eau si transparente effleurant les galets

Par la joie le plaisir la caresse donnée

Je te bénis, la Vie.

Par les monts enneigés, par le vent sur leurs cimes,

Par la clarté d’un soir qui conduit à la rime

Et par l’immensité d’un beau ciel étoilé

Par le vent et la pluie retombant en ondée

Par la fraicheur des nuits la douceur des journées

Je te bénis, la Vie.

Par ce matin resplendissant sous tant de joie

Faisant crier : Bonheur ! Par ce regard de toi

Et tes baisers d’amour sur mes lèvres en émoi

Ces caresses volées au temps qui se poursuit

Par tes yeux lumineux ton parfum qui séduit

Je te bénis, la Vie.

Par les quatre saisons qui font tourner la terre

Par tous ceux dont les doigts ont travaillé les pierres

Par ceux qui rient au nez de ceux qui n’ont rien vu

Par la paix, par le blanc ou le noir défendu

Et par celui qui parle et celui qui s’est tu

Je te bénis la Vie.

Par ces jours de douleur suivis de désarroi

Par le chemin pénible et beaucoup trop étroit

Par la route évasée d’où jaillit la lumière

Par le chaud, par le froid puis par la vie entière

Et par tous les moments qu’ils soient gais ou austères

Je te bénis, la Vie.

Jos

 

A la manière de Francis Jammes

« Je vous salue, Marie »

 

Texte chanté par G.Brassens

 

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 23:49

A mon père

Te souviens-tu de ces Noël

Sans feu, ni joie,

De cette cheminée obscure ?

Il faisait froid.

Tu étais seule, la vaste pièce

T’engloutissait

Et tu pleurais. De larmes amères

Tu t’inondais.

Dans le quartier tant lumières,

Tant de gaité !

La rue chantait, les réverbères

Etincelaient.

Dans ton sabot, de la misère

Evidemment !

Sur ton visage, la tristesse

Et seulement.

Il aurait fallu que tu voles

Vers des ailleurs

Où les enfants jamais ne pleurent

Que de bonheur !

Mais toi, restée fichée en terre,

Qui sait pourquoi ?

Tu attendais que l’an revienne

Une autre fois.

Espérais-tu qu’un jour peut-être

Arriverait

Ce temps où une parodie d’enfance

L’on t’offrirait ?

C’était en mille neuf cent quarante,

Bien loin tu vois !

Il était resté sous la neige,

Dans un sol froid.

Tu n’avais pas compris pourquoi

Cette tristesse

Brulait ton âme et tes paupières

Sans cesse.

Tu as perdu sa silhouette

Maintenant,

Sa voix, ses mots et tous ces gestes

D’avant.

C’était ton père mais de cela tu te souviens

Toujours, encore.

Chaque Noël tu penses à lui

Quand tu décores

Le sapin qu’il ne verra pas

Sans doute…

A moins qu’il ne soit dans les cieux !

Ecoute,

Si un jour tu entends sa voix

Dans ton oreille,

Pense qu’il est proche de toi,

Qu’il veille…

Jos

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 13:38

Des elfes sont venus me taquiner hier soir,

L’un portait un panier et de chics souliers noirs,

L’autre pour se parer avait un diadème,

Celui-ci un chapeau où s’inscrivait : « Anselme ».

Ils tournaient dans la nuit en une farandole.

Leurs cheveux emmêlés, leurs visages si drôles

M’ont fait croire un instant à un rêve un peu fou.

Le moins grand m’a souri en disant « venez-vous » ?

Avec eux j’ai dansé la valse, la salsa,

Un tango, le fox-trot et même un chachacha.

Je me suis endormie, quand j’ai ouvert les yeux

Ils avaient disparus quelque part vers les cieux.

C’était peut-être un rêve ; une jolie histoire ;

Un beau conte de fées qui reste en ma mémoire…

Plus tard j’ai déniché au fond de mon jardin,

Une plume argentée, deux chaussons de satin,

Trois étoiles des neiges et la flûte enchantée.

Aujourd’hui je comprends que je n’ai pas rêvé !

Jos

Vacances-a-Montpellier-Septembre-2011-135.jpg

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 13:16

Turlututu chapeau pointu,

Petit lapin est revenu

De sa balade matinale.

Il avait chaussé ses sandales,

Endossé son paletot vert

Et mit ses chaussettes à l’envers !

Sur son chemin a rencontré

Dame lapine enrubannée.

Dès lors, la trouvant fort jolie,

Il lui a fait qui riquiqui !

Dans la clairière quelle histoire !

Personne ne voulait y croire !

Pourtant quelques semaines après

Quinze petits lapins sont nés !

L’on dût se rendre à l’évidence,

Ce Jeannot ci est un coquin,

Et depuis tout un chacun pense

Qu’il faut éviter son chemin.

Baissant les yeux avec pudeur,

Ces demoiselles réunies

Refoulent battements de cœur,

Car ce lapin est un bandit !

Moralité

Méfiez-vous gentes fillettes

Des beaux Messieurs en gilet vert,

Qui portent fleurette au revers

Mais vous feraient perdre la tête !

Jos

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